Charaf-Eddine Ziouani, post-doctorant sur la fiabilité des circuits imprimés au LEM3

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a soutenu sa thèse en 2025

Quel a été ton parcours avant la thèse et qu’est-ce qui t’a motivé à poursuivre en doctorat ?

Après un baccalauréat scientifique, j’ai choisi de poursuivre mes études en classes préparatoires aux grandes écoles (CPGE). À l’issue de ce parcours exigeant, j’ai intégré l’ENSEM Casablanca dans la filière Génie mécanique, où j’ai pu approfondir mes connaissances sur la conception et le comportement des systèmes mécaniques, ainsi que sur les matériaux utilisés dans diverses applications industrielles.

Désireux d’élargir mes horizons et de m’immerger dans un contexte international, j’ai décidé de poursuivre en France un master de recherche en « Mécanique, Matériaux, Structures et Procédés » (MMSP), en cotutelle entre l’Université de Lorraine et l’ENSAM Metz. Ce master m’a permis de me spécialiser dans des domaines pointus, tels que les matériaux composites, la mécanique expérimentale et numérique, ainsi que les méthodes de modélisation avancées. Mais au-delà des connaissances techniques, ce programme m’a offert un aperçu concret de la recherche scientifique dans un environnement multiculturel et stimulant, où les échanges et la curiosité intellectuelle sont au cœur de l’apprentissage.

Le master s’est conclu par un stage de fin d’études au laboratoire LEM3, où j’ai été encadré par des chercheurs passionnés et profondément investis dans leur domaine. Leur rigueur, leur curiosité et leur capacité à résoudre des problèmes complexes m’ont inspiré et m’ont convaincu que la recherche pouvait devenir une véritable vocation. Bien avant ce stage, j’avais déjà l’idée de m’engager dans une thèse, mais cette expérience m’a permis de transformer cette curiosité en projet concret. Comprendre le quotidien d’un chercheur, observer comment il navigue dans l’incertitude et construit de nouvelles connaissances, a été un moteur puissant qui m’a poussé à franchir le pas.

À la fin de ce stage, mes encadrants m’ont proposé de poursuivre mes travaux en thèse, en me concentrant sur la caractérisation mécanique de la rupture des interfaces dans les circuits imprimés, dans le cadre d’un projet ANR en collaboration avec le groupe CIMULEC. Ce projet, résolument orienté vers la recherche appliquée, visait à répondre à des problématiques industrielles concrètes, essentielles pour le développement de la mobilité électrique et de l’innovation dans le domaine de l’intelligence artificielle. Pouvoir contribuer à la fois à la connaissance scientifique et à des applications industrielles tangibles a rendu cette thèse particulièrement motivante et enrichissante.

Ce parcours, qui mêle formation d’ingénieur, expérience internationale et immersion dans la recherche appliquée, m’a naturellement conduit à m’engager pleinement dans un doctorat, une aventure qui allait transformer ma vision de la science et de l’industrie.

Comment s’est déroulée la vie pendant la thèse et quels ont été les principaux défis ?

La thèse est un véritable voyage, rythmé par des moments d’enthousiasme et d’exaltation, mais aussi par des périodes de doute et de frustration. Les résultats ne viennent pas toujours rapidement, et il faut apprendre à avancer pas à pas, à structurer son travail avec méthode et à persévérer malgré l’incertitude. Chaque obstacle est une occasion d’apprendre, de réévaluer sa démarche et de renforcer sa résilience.

L’un des grands défis a été de concilier les exigences académiques et les contraintes industrielles. Travailler sur un projet de longue durée, avec une autonomie importante, demande une organisation sans faille, une capacité à prioriser les tâches et à communiquer efficacement avec son encadrement et ses partenaires. Il faut également accepter que les résultats expérimentaux ou les simulations ne correspondent pas toujours aux attentes, et apprendre à en tirer des enseignements.

Malgré ces difficultés, cette expérience a été extrêmement enrichissante. Elle m’a permis de développer des compétences techniques solides, de gagner en autonomie scientifique et de renforcer ma confiance dans ma capacité à mener un projet complexe jusqu’à son terme. Chaque réussite, aussi modeste soit-elle, représente une étape importante dans l’apprentissage et dans la construction de son expertise.

Quels ont été les éléments importants pour le succès de votre thèse ?

Réussir une thèse, c’est avant tout savoir transformer un projet ambitieux en un processus structuré et cohérent. Il ne s’agit pas seulement de produire des résultats, mais de gérer un projet sur plusieurs années, en maintenant un rythme régulier et en s’adaptant aux imprévus. La planification progressive, la fixation d’objectifs réalistes et la communication constante avec son encadrement sont des éléments déterminants pour avancer efficacement.

Accepter l’incertitude et savoir rebondir après un échec est essentiel. La recherche n’est jamais linéaire : chaque obstacle est une occasion de progresser et de développer des compétences que l’on ne trouve nulle part ailleurs. Une thèse réussie est celle au cours de laquelle on prend conscience de son évolution, de l’expertise acquise et de la maturité scientifique qui se construit année après année.

Que retenez-vous de votre expérience en thèse ?

Avec le recul, cette thèse a été l’une des expériences les plus formatrices de mon parcours. J’y ai appris à gérer des projets complexes, à structurer mes idées, à analyser des problèmes techniques en profondeur et à collaborer avec des équipes académiques et industrielles. Elle m’a également enseigné la patience et l’adaptabilité, car rien ne se déroule jamais exactement comme prévu, et ce sont souvent les imprévus qui offrent les plus grands apprentissages.

J’ai également découvert que la recherche ne se limite pas à la recherche fondamentale. La recherche appliquée offre la possibilité de résoudre des problématiques concrètes et de contribuer directement à l’innovation industrielle. Ces travaux sont essentiels au développement technologique, et il est crucial que les entreprises reconnaissent la valeur de ces compétences. Une thèse appliquée montre que la science peut avoir un impact immédiat et tangible, et que le profil d’un docteur constitue un atout stratégique pour l’industrie.

Malgré les défis, les périodes de doute et les longues heures de travail, cette expérience m’a laissé un profond sentiment de satisfaction et de fierté. Elle m’a transformé, m’a rendu plus autonome, plus résilient et plus confiant pour aborder des problématiques complexes avec maturité et créativité. Elle m’a aussi permis de mieux comprendre l’importance de la recherche, non seulement comme moteur de connaissance, mais aussi comme levier d’innovation industrielle.

Conseils à un étudiant qui souhaite se lancer en thèse

À un étudiant qui envisage de se lancer dans une thèse, je dirais avant tout : choisissez un sujet qui vous passionne réellement. La thèse est un engagement sur plusieurs années, et seule une motivation profonde permet de traverser les moments difficiles. Il est également essentiel de bien connaître son équipe et ses encadrants : un environnement humain stimulant et des relations de confiance sont des piliers indispensables pour réussir et s’épanouir.

Une thèse va bien au-delà de l’obtention d’un diplôme. Elle permet de devenir un véritable expert dans son domaine, capable de résoudre des problématiques complexes et de mener un projet de manière autonome. Elle offre également l’occasion de développer un réseau professionnel solide à travers les conférences, congrès et collaborations internationales, tout en acquérant des compétences transversales précieuses, telles que la gestion de projet, la communication, la rédaction scientifique et la pensée critique.

Enfin, il est important de rappeler que la thèse n’est pas uniquement destinée à la recherche académique. La recherche appliquée occupe une place centrale dans l’innovation industrielle, et de nombreux projets doctoraux permettent de répondre à des besoins concrets des entreprises. Les étudiants doivent en être conscients, et les entreprises doivent valoriser ces compétences, car les docteurs peuvent apporter une réelle valeur ajoutée dans la résolution de problèmes complexes.

En résumé, la thèse ne demande pas d’être un génie, mais exige rigueur, persévérance, curiosité et capacité à penser de manière autonome. Ceux qui s’engagent dans cette aventure en ressortent transformés, plus confiants et mieux préparés à relever un large éventail de défis, qu’ils soient académiques, industriels ou technologiques.

Je souhaite enfin remercier chaleureusement le blog « Docteurs SPI » de m’avoir offert l’opportunité de partager mon parcours et mon expérience de thèse.