Peux-tu nous présenter ton parcours ?
En fin de cursus d’ingénieur en Génie Mécanique en Roumanie, en 2004, j’ai fait le choix de poursuivre avec un master 2 en France en tant qu’étudiante ERASMUS. C’est ainsi que j’effectue une année universitaire à l’École des Mines d’Albi et à l’Université Paul Sabatier Toulouse III. Mon stage réalisé chez EDF R&D Les Renardières (77) me donne un premier aperçu de la recherche appliquée et me décide à poursuivre en thèse de doctorat en ciblant un sujet de recherche appliquée. Un collègue de stage me parle d’un sujet sur alliages de titane pour l’industrie aéronautique à Metz au laboratoire LEM3 Université de Lorraine CNRS Arts et Métiers (ex LETAM). Je démarre cette thèse en octobre 2005 et j’effectue la soutenance de thèse en juillet 2009.
En novembre 2009, en pleine crise de l’emploi, je décroche mon premier CDI à Liège en Belgique en tant qu’ingénieur matériaux pour l’aéronautique en sous-traitance pour TechspaceAero Liege, groupe Safran. En juillet 2011, la crise de l’emploi marque une pause. Je décide de relancer mes recherches pour donner un nouvel élan à ma carrière. Je candidate chez ArcelorMittal, pour le site Global R&D de Maizieres les Metz que j’avais visité lors de mon parcours de thèse en 2007. J’avais été impressionnée à l’époque par l’ampleur du campus de recherche, de la multitude de métiers et je m’étais dit en quittant le site que j’aimerais beaucoup y travailler un jour. Plusieurs postes étaient ouverts en 2011 en tant que chef projet métallurgie des aciers pour l’Automobile. J’en sélectionne trois qui correspondent le plus à mes compétences et à mon appétit pour la recherche appliquée avec un lien direct avec les besoins marché. En juillet 2011, je démarre ma carrière chez ArcelorMittal en tant que chef de projet en charge du développement laboratoire. Depuis, mes missions ont beaucoup évolué et aujourd’hui je suis Manager développement produits au niveau Europe. Ce poste englobe une bonne connaissance des besoins clients, des tendances marché, des usines de fabrication, une bonne gestion des risques afin d’apporter les bons produits sur le marché dans les meilleurs délais.
Pourquoi as-tu choisi de faire une thèse au LEM3 ?
Le choix d’une thèse a été dictée par mon appétit pour la recherche. Dans mon pays d’origine, les moyens étaient extrêmement réduits. Mon tuteur de fin d’études en Roumanie m’a conseillé en 2004 d’aller effectuer un master à l’étranger. Lors de mes entretiens d’embauche au LEM3 (ex LETAM), j’ai été impressionnée par les équipements mis à disposition pour effectuer les études poussées en science des matériaux. De plus, le sujet de thèse cherchait à répondre à une problématique précise et réelle du monde aéronautique ; c’était donc de la recherche appliquée.
Quel poste occupes-tu aujourd’hui et en quoi ta thèse au LEM3 a-t-elle été utile ?
Aujourd’hui je suis en charge du développement d’aciers de 3eme génération pour le marché l’Automobile. Ce sont des aciers avec une formabilité améliorée destinés aux pièces de structure des véhicules présents sur le marché mondial. Ces aciers apportent un potentiel d’allègement des véhicules allant de 5% à 30% en fonction des nuances. J’encadre également des projets plus en rupture, très innovants qui permettront de se démarquer demain sur le marché et de garder le leadership d’ArcelorMittal sur le marché.
Au-delà des connaissances dans la métallurgie, la thèse de doctorat m’a apporté la rigueur nécessaire pour encadrer ce type de projets. La thèse de doctorat m’a appris à travailler de manière structurée sur un projet sur une durée de 3 ans, avec des soucis typiques du niveau de la R&D (manque de matière représentative, besoin de trouver des essais de caractérisations représentatifs, besoin d’inventer des méthodes préparation des échantillons, …). La thèse m’a apporté également un mindset que j’utilise depuis : un problème peut toujours se résoudre par une méthode structurée pour rechercher des réponses concrètes. J’ai également appris que « les chercheurs qui trouvent » existent et j’en fais partie !
Un conseil aux futurs doctorants du LEM3 ?
Je garde d’excellents souvenirs de la thèse avec une entrée en matière extrêmement rapide grâce à l’accompagnement de mes directeurs de thèse et à l’appui de thésards plus expérimentés que moi. Je retiens également des rencontres avec des collaborateurs de McGill University Montréal Canada ainsi qu’avec d’autres laboratoires de recherche qui m’ont été extrêmement utiles.
L’ambiance générale au sein du laboratoire a été extraordinaire avec des soirées à thème (repas de fin d’année, repas à thème pour découvrir les cuisines du monde) ou sorties à vélo dans les Vosges organisés tous les ans. Des amitiés qui durent se sont liées durant cette période. Je garde toujours le contact avec ma directrice de thèse mais aussi avec certains thésards dont certains sont devenus des collègues chez ArcelorMittal et d’autres que j’ai pu croiser dans des conférences ou workshops.
Un conseil aux futurs doctorants : la thèse de doctorat est un projet d’envergure mais vous n’êtes jamais seul aux manettes. N’oubliez pas les encadrants de thèse mais également le personnel de laboratoire et même les collègues thésards ! Ce sont des mines d’or en toute circonstance !